L’AMÉRICAIN PENSE EN CARRÉ

Si les Américains font constamment appel à cette expression comme une invitation ou exhortation à être créatif, c’est bien parce qu’ils pensent comme s’ils étaient dans une boîte carrée, in a box, dans un Tupperware, ziploce. Une autre expression va dans le même sens : blockhead, qui signifie être un idiot. Surtout que l’autre expression consacrée est : things will fall into place, c’est-à-dire qu’il y a une forme, un moule préexistant la pensée, prêt à recueillir celle-ci et à la formater comme une diapositive de PowerPoint, ou un moule tupperware en forme de charlotte déclinable à l’infini selon ce qu’on mettra en garniture à l’intérieur des boudoirs. On retrouve l’idée d’un ordre pré-établi dans les expressions suivantes : se caser, to settle down, se ranger, etc. Mais en anglais, c’est de l’ordre du carré.

C’est précisément l’inverse chez le Français qui a un concept du carré très approximatif, comme pour l’Hexagone pour nommer la France, qui n’en est pas un. Il préfère tourner en rond avec une géométrie variable, d’ailleurs si cela ne tourne pas rond,  c’est que cela ne va pas bien.

Le système quadrillé des villes américaines est la forme référence en Amérique. Le découpage presque à angle droit des États américains nous rappelle l’exactitude d’une logique géométrique plaquée sur un territoire contre nature, pour fabriquer le patchwork étasunien - uni -, malgré tout, par la même Constitution. 

¹   New York Times , Gen. James N. Mattis of the Marine Corps, the Joint Forces  commander, April 27, 2010.