DE L'ART DE LA PIQUE EN FRANCE
LE SENS DU RIDICULE
« The girls are not shy, but I don't know why they should be, for there is really nothing here to be afraid of. Manners are very gentle, very humane; the democratic system deprives people of weapons that every one doesn't equally possess. » 1
LA CRITIQUE EN FRANCE
La performance aux États-Unis est alors la reconnaissance d’un talent naissant ou accompli. On va au spectacle pour applaudir l’artiste. Alors qu’en France, c’est entrer dans l’arène aux fauves comme Charles Aznavour le confiait dans une interview radio au cours d’un été... Inconsciemment, le Français va au spectacle et guette la faille, la fausse note. Va-t-elle pousser le contre-ut ? Sa voix sera-t-elle aussi bonne qu’avant ? Le concept du sens du ridicule n'existe pas en Amérique, ni en Italie. [...]
1 James, Henry, The Point of View, 1886.
LA PIQUE FRANÇAISE
On contourne l’être et manie le fleuret avec des mots, parfois jusqu’à la pique d’ailleurs comme nous l’explique Stendhal dans De l’Amour : 1
« La pique étant une maladie de l’honneur, est beaucoup plus fréquente dans les monarchies, et ne doit se montrer que bien plus rarement dans les pays où règne l’habitude d’apprécier les actions par leur degré d’utilité, aux États-Unis d’Amérique, par exemple. »
Ne disons-nous pas « prendre quelqu’un de haut » ?
En anglais américain, c’est indicible, de
remettre quelqu'un à sa place,
« La poésie et l’imagination, partage d’un très petit nombre de désœuvrés, sont regardés aux États-Unis comme des puérilités du premier et du dernier âge de la vie… » 2
Le mot « pique » et le mot « touché » sont d’ailleurs repris tels quels en anglais-américain puisqu’ils n’ont pas d’équivalent. Ce qui fait que l’Américain n’a pas le concept du « sens du ridicule » et peut exister comme il le souhaite sans risquer de s’exposer à la critique assassine. Cela contribue à lui donner une confiance en soi, une aisance, dès le plus jeune âge.
1 Stendhal, De l’Amour . Folio Classique, Gallimard, 1980. Page 129.
2 Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, Livres I à XII, Les Classiques de Poche. Page 528.
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